Jetée dans cette miteuse prison, sans autre procès, seule avec un bout de pain ranci au sol pour calmer ma faim. Si seulement ma fringale pouvait être mon unique tourment. Je suis innocente, j’ai beau le clamer de tout mon corps mais qu’importe ce n’est qu’un cri parmi d’autres. Les barreaux oppressent mon cœur brûlant de peur, l’enfer n’est pas chaleur il est ici, glacial et lugubre. La poussière tapisse déjà mon visage crasseux avec l'humidité de l'endroit, la rosée de mes larmes. Blottit tout contre mon châtiment injuste, la calomnie me harcèle et c'est là la pire des tortures. Qu'on me mène à l'estrapade ou au pilori, ma souffrance serait alors moins amère. Pitié de ma candeur, que l'inquisiteur sonne ma dernière heure, ou bien que je connaisse de quel crime l'on me blâme.                          Voici ma gamelle, plus répugnante que celle d'un chien galeux, le gardien la catapulte négligemment à terre, versant son affreux mélange à mes pieds. L'aubaine est trop bonne et je m'adresse à mon bourreau en ces mots: "Coupable de quoi ?" D'un accent mordant il cingle à mes oreilles tremblantes quelques paroles dont je ne discerne que des sons sybillins.A croire que cette cellule sinistre sera mon tombeau. Et je me sens terriblement seule, la mélancolie m’envahit ça et là échappant un instant à l’évidence. L’envolée vers de doux souvenirs, je plane sur ma vie, survole mes rêves, galope au-delà de mon passé et navigue vers des mirages futurs. Je semble invulnérable enveloppée dans ce voile chimérique. Oui, protège-moi encore de la réalité.

M’égarer toujours dans la sphère dorée.

Perdre la foi, encore une fois. Le flot d'éspérance cesse d'abreuver la machinerie infernale.Telle une destiné, délicieuse fatalité, courir après la dépouille figé du passé, et tracer sur le sol nébuleux des pas empourprés. Le voile caressant est une balafre sur l'avenir et affleure de ces griffes la soie d'un visage si candide. Lacérer les derniers vestiges pour oublier les vertiges. Et tout recommencer, rennaître à l'agonie, refleurir d'une rose impure. Les ailes du futur ont repris leurs battements vers l'incertain, bien qu'encore oscillantes et timides. Le vol n'est pas sans risque et la chute probable, les étoiles elles mêmes ont semer des embûches sur la route des comdammés. Car la coda n'est que trépas. Et brille, brille la haut près de tes bourreaux.

Marie

Tu caresses sans cesse ces promesses d’allégresse

Sans jamais les ceuillir, les saisir dans l'arbre du désir.

Une lueur se meurt au fond de ton cœur, cette peur

Cette hantise si exquise, une brise insoumise qui

Souffle un vent brûlant d'orient, un zéphyr insolent.

Et s’enchaînent et se déchaînent tes peines ébènes.

Cent soupires à maudire, sans mot dire et s’enfuir.

Au lointain, un destin au teint velours où ne s’éteint

Ni jamais le toujours ni les longs jours trop courts.

Le futur te tortures et te susurres de prochaines usures

Mais un avenir sans haïr, sans souffrir et sans mourir

Est un puit d’ennui, un jour sans nuit, le silence du bruit.

Sans lui, avec lui, pourquoi lui, encore lui, toujours lui, et encore, et plus, et moins, et jamais.

Tout va trop vite et trop lentement, on s’lasse et s’enlace, si seulement… J’ai le tournis j’vois floue ce n’est pas une ivresse comme les autres ni une ivresse exceptionnelle juste la mienne, celle que j’ai depuis toujours, toujours au fond de moi. Habituellement elle est bien enfoui, se cache et je l’ignore comme un lampadaire devant lequel on passe un millier de fois, passant inaperçu, jusqu'au jour ou le métal froid heurte votre front. Le manège infernal  m’hante et m’anime chaque heure de cette journée un peu plus, j’ai mal, mal au cœur, mal a la tête, mal a la vie. Rien rien rien à faire. OH ! Rendez moi mon Moi ou je me rend, la tête baissé, le cœur blessé…Y’a plus rien a perdre je crois ... Il y a bien cette petite voix qui me chuchote trop rarement que  j’dois continuer ma route et s’il le faut a tâtons dans ce néant ahurissant. Garder la foi, mais pour qui, pour quoi ? Si mon chemin doit être semer des dépouilles de ceux que j’aime, si mon chemin doit être le chaos ou rugissent mes fantômes, si mon chemin n’est que la continuité de mon présent… Mon miroir ne me reflète plus aujourd’hui j’suis plus qu’une ombre, une illusion. Je souri a la vie mais j’inspire a la mort. Comme quoi j’aurais pu faire actrice de cinéma. J’ai fanée en quelques heures, la rose meurt jonchant son passé de quelques pétales.

Marie

Le jongleur abattu,

Regarde ses massues

Qui fuient ses mains

Tel la lune le matin.

L’acrobate mal a l’aise

Suspendu à son trapèze

Blanc, la peur du vide

Rend, son teint livide.

Le spectacle doit continuer

Sous le chapiteau en crise

Chaque sourire est usurpé

L’imposteur t’hypnotise.

Le magicien désespéré

Par son tour échoué

A briser sa baguette

En quelques miettes.

Le dompteur en rage

Pleure dans la cage

De sa vielle panthère

Etendue inerte a terre.

Le musicien soucieux

Soupire son saxo lépreux

Sa trompette usé et

Son accordéon cabossé.

Le spectacle doit continuer

Aux couleurs des visages fardés.

Colportant l’illusion un moment

Semant l’amnésie un instant,

Des papillons roses trop fuyant.

Marie